Depuis 2018, l’Anses conduisait une évaluation scientifique concernant le potentiel lien entre la survenue d’un cancer de la prostate et une exposition professionnelle aux pesticides. Fin décembre 2021, le cancer de la prostate est officiellement reconnu comme maladie professionnelle par un décret publié au journal officiel.
L’exposition professionnelle aux pesticides
En France, le cancer de la prostate occupe la première place en termes de fréquence. Il concerne plus souvent les hommes après la cinquantaine. A ce jour, les principaux facteurs de risque identifiés pour cette maladie sont l’âge, les antécédents familiaux et l’origine ethnique du patient. Cependant, d’autres facteurs, particulièrement environnementaux, sont suspectés. Parmi eux, les pesticides.
Pour étudier la relation liant le cancer de la prostate aux pesticides, l’Anses s’est appuyée sur l’expertise de 2013 de l’INSERM et sur les dernières publications scientifiques sur le sujet. En effet, plusieurs travaux montraient déjà un excès de risque de ce cancer chez les travailleurs exposés aux pesticides, notamment le chlordécone.
Selon Santé publique France, pas moins de 90% de la population adulte de Guadeloupe et de Martinique est contaminée par le chlordécone. Ces populations détiennent le taux d’incidence du cancer de la prostate le plus important au monde.
Un nombre conséquent de secteurs professionnels est concerné par une exposition professionnelle aux pesticides : tous les types de culture et d’élevage, le secteur de la lutte antiparasitaire, le jardinage et le paysagisme, la protection du bois, le soin aux animaux, l’entretien de la voirie, le traitement des eaux, le traitement des déchets, etc. Les travailleurs indirectement exposés aux pesticides (au contact des produits ou des animaux traités par les produits contenant des pesticides) sont également concernés, voire même plus, que ceux qui les manipulent.
Les produits pesticides étudiés par l’Anses comprenaient : les produits phytopharmaceutiques, les biocides et les antiparasitaires externes.
La reconnaissance du cancer de la prostate en tant que maladie professionnelle
Dans le régime agricole et général, il existait déjà des tableaux de maladie professionnelle. La maladie de Parkinson et les hémopathies sont, par exemple, reconnues comme étant des maladies potentiellement liées à l’utilisation de pesticides dans le milieu professionnel. La reconnaissance de la maladie est alors simplifiée pour les victimes.
Jusqu’à maintenant, les individus souffrant d’un cancer de la prostate suite à une exposition professionnelle devaient apporter la preuve du lien directe entre la maladie et la profession pour espérer être pris en charge par un système complémentaire (géré par le fonds d’indemnisation des victimes des pesticides).
Ainsi, la création d’un tableau de maladie professionnelle pour le cancer de la prostate dans un contexte d’exposition professionnelle aux pesticides permet de faciliter considérablement l’accompagnement des victimes. Il permet également la reconnaissance des cancers de la prostate liés à l’exposition au chlordécone.
Charline D., Docteur en pharmacie
– Pesticides: les cancers de la prostate reconnus comme maladie professionnelle. anses.fr. Consulté le 22 décembre 2021.