Ces dernières années, certaines études ont démontré que des chiens entraînés pouvaient aider à détecter le cancer de la prostate sur des échantillons d’urine grâce à leur flair hors pair. Si elle présente de multiples atouts, cette méthode de dépistage ne peut malheureusement pas être déployée à grande échelle. Une récente étude publiée dans PLOS ONE a donc combiné l’olfaction canine avec d’autres méthodes de détection pour aider au développement d’un meilleur dépistage massif du cancer de la prostate.
Cancer de la prostate : de la nécessité d’un bon dépistage
Le cancer de la prostate représente la deuxième cause de décès par cancer chez les hommes dans les pays développés. Les avancées de la recherche en matière de prévention et de dépistage demeurent cruciales. A ce jour, le diagnostic de première intention du cancer de la prostate repose sur le toucher rectal qui doit être réalisé de façon systématique. Ce test est ensuite complété par des tests sanguins (comme le dosage du PSA), des biopsies de la prostate voire des IRM.
À savoir ! Le PSA (pour Antigène Spécifique de la Prostate) est une molécule sécrétée par la prostate qui joue un rôle dans la liquéfaction du sperme après l’éjaculation. Sa concentration dans le sang est proportionnelle à la taille et à l’activité de la prostate. Si elle est supérieure à 4 ng/ml, cela peut indiquer la présence d’un cancer de la prostate. Le PSA est donc utilisé comme marqueur tumoral, lors de toutes les étapes de la prise en charge du cancer de prostate, et parfois pour son dépistage.
Or, bien que largement utilisé, le test de dépistage du PSA peut parfois manquer de fiabilité et pour certains scientifiques, il devient urgent de développer une nouvelle stratégie de détection plus sensible et plus spécifique de cette maladie. Ces dernières années, des recherches ont démontré que des chiens entraînés pouvaient aider à détecter le cancer de la prostate sur des échantillons d’urine grâce à leur flair hors pair. Si cette méthode de dépistage présente un degré élevé de précision, elle ne peut malheureusement pas être déployée à grande échelle.
Combiner l’olfaction canine à d’autres méthodes de détection
Dans ce contexte, une étude britannique publiée dans le PLOS ONE le 17 février dernier a combiné les atouts de l’olfaction canine avec ceux d’autres méthodes de détection prometteuses pour aider au développement d’un meilleur dépistage massif du cancer de la prostate.
Pour mener à bien leurs recherches, les scientifiques ont entraîné deux chiens à la détection du cancer de la prostate à partir d’échantillons d’urine. Les chiens ont démontré une capacité à identifier les cas positifs s’élevant à 71% et une capacité à identifier correctement les cas négatifs entre 70 à 76%.
Les chercheurs ont ensuite soumis les échantillons d’urine à deux autres méthodes d’analyse en laboratoire qui ont révélé des différences clés entre les échantillons positifs et négatifs :
- Analyse par chromatographie en phase gazeuse-spectroscopie de masse des composés organiques volatils
- Analyse des espèces microbiennes naturellement présentes dans l’urine.
À savoir ! Un spectromètre de masse désigne un appareil d’analyse des ions ou des molécules chargées. Il permet notamment de détecter en temps réel des molécules appelées « composés organiques volatils » présentes dans l’air expiré. Extrêmement puissant, cet appareil constitue le support de plusieurs études cliniques réalisées sur des patients souffrant de pathologies sévères.
Les chercheurs ont finalement formé un réseau de neurones artificiels. Le but étant d’identifier les éléments ayant contribué de manière significative aux diagnostics des chiens et de reproduire artificiellement leur capacité de détection précoce. Ce réseau neuronal artificiel (ANN) a également révélé des différences spécifiques entre les échantillons positifs et négatifs.
Vers un meilleur dépistage massif du cancer de la prostate
Les résultats de ces travaux suggèrent qu’il est aujourd’hui possible de reproduire artificiellement les capacités olfactives des chiens dans la détection du cancer de la prostate. Si les auteurs de cette étude pensent déjà à « intégrer cette technologie dans chaque smartphone», des études plus vastes restent néanmoins nécessaires. Elles permettraient à terme d’améliorer le dépistage du cancer de la prostate et d’aider au développement de nouveaux outils de diagnostic d’olfaction artificielle.
Gageons que ces découvertes ouvriront la voie à une détection massive plus précoce, non invasive, plus spécifique et plus sensible de cancer de la prostate.
Déborah L., Docteur en Pharmacie