Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez l'homme. On estime qu'il touche 15% des hommes, le plus souvent après la soixantaine. Pour accompagner la technique chirurgicale d'ablation de la prostate, des scientifiques anglais ont mis au point la technique NeuroSAFE qui permet de vérifier l'étendue des lésions cancéreuses en temps réel, pendant l’acte chirurgical.
L’ablation de la prostate entraine des troubles de l’érection
Selon le stade et la rapidité d’évolution du cancer de la prostate, il existe plusieurs options de traitement dont la chirurgie. Il est parfois nécessaire d’enlever toutes les cellules cancéreuses en retirant la prostate. On parle de prostatectomie totale, dite aussi prostatectomie radicale.
À savoir ! La prostate est une glande qui fait partie de l’appareil reproducteur masculin. Elle est située sous la vessie, en avant du rectum. Elle peut être divisée en deux parties dont l’une centrale entourant l’urètre et une partie plus périphérique.
Les troubles les plus souvent rencontrés suite à l’ablation de la prostate sont :
- Une incontinence urinaire , le plus souvent temporaire ;
- Des troubles de l’érection retrouvés chez 20% des patients.
À savoir ! Selon le National Institute of Health (NIH), la dysfonction érectile a été définie en 1993 comme « l’impossibilité d’obtenir ou de maintenir une érection suffisante pour une performance sexuelle satisfaisante».
L’enjeu de la chirurgie de la prostate : préserver la fonction érectile
Lorsque les hommes subissent une intervention chirurgicale pour retirer une tumeur cancéreuse au niveau de la prostate, le chirurgien veille à retirer tout le tissu cancéreux tout en préservant les structures entourant l’organe.
Dans les différentes couches entourant la prostate, on retrouve des nerfs importants pour la fonction érectile. Ces derniers peuvent être laissés en place, à l’arrière de la prostate pour préserver ainsi la fonction érectile
Cependant, si la tumeur est grosse et/ou agressive, le chirurgien devra choisir, au cours de l’opération, soit de freiner l’évolution du cancer par le retrait des nerfs soit de les préserver afin que le patient n’ait pas de dysfonctionnement érectile.
Pour aider le chirurgien à faire le choix , l’équipe de Greg Shaw de l’University College Hospital de Londres a développé la technique NeuroSAFE.
La technique NeuroSAFE : mesurer l’étendue de la tumeur en temps réel
La technique NeuroSAFE consiste à examiner la capsule (les couches externes) de la prostate au microscope dès qu’elle a été retirée par le chirurgien pour déterminer si le cancer se propage à l’intérieur ou à l’extérieur de cette capsule.
Pendant l’opération, des histopathologistes vérifient au microscope l’intégrité du tissu, préparé sous forme de coupe congelée. Ils analysent les bords de la prostate pour évaluer si les cellules cancéreuses ont atteint le bord coupé de l’échantillon.
Ensuite, les résultats de l’analyse du tissu protatique sont transmis au chirurgien en temps réel pour le guider dans son choix de préserver les nerfs et de maintenir ainsi la fonction érectile de son patient.
Comme annoncé le 20 septembre dernier par l’équipe de NeuroSAFE, une étude de faisabilité, NeuroSAFE Proof, va démarrer en Angleterre et notamment dans les centres de Bristol et Sheffield. C’est une étude préliminaire qui permettra de mener ensuite des essais cliniques à plus grande échelle.
Avec cette nouvelle technique, il sera donc possible d’optimiser la préservation nerveuse sans compromettre le contrôle du cancer de la prostate.
Julie P., Journaliste scientifique