Préambule • Prostatectomie • Radiothérapie externe • Curiethérapie • Traitement hormonal
Préambule
Choix du traitement
Le traitement sera choisi en fonction des :
- caractéristiques de la maladie : son stade (limité ou non à la prostate), sa vitesse de croissance,
- caractéristiques du patient : état général (âge, autres maladies graves), priorités et préférences selon les avantages et inconvénients des différents traitements possibles.
Le choix se fera donc à l’issue d’un réel dialogue médecin / patient durant lequel le patient aura été informé des différentes possibilités de traitement et de leurs avantages et inconvénients respectifs.
Traitement systématique ?
Le traitement n’est pas systématique et parfois il est possible de simplement surveiller un cancer de la prostate sans traiter d’emblée.
Pour certains patients fragiles ou âgés ayant un cancer peu évolutif (chiffre de PSA faible, toucher rectal normal, pas de symptômes de la maladie, cellules peu agressives après examen de la biopsie au microscope), on peut envisager une surveillance avec un traitement différé en cas d’évolution de la maladie.
Biopsie : Prélèvement d’une petite quantité de tissu (généralement à l’aide d’une aiguille).
Prostatectomie
Définition / Principes
C’est l’ablation chirurgicale de la prostate et des vésicules séminales.
Elle implique de reconstruire la continuité en faisant une suture entre la vessie et le canal de l’urètre. Elle est parfois associée à l’exérèse de ganglions qui drainent la prostate dans le but d’avoir une analyse plus précise du stade de la maladie.
Vessie : Organe qui sert à stocker l’urine avant que celle-ci soit évacuée par l’urètre.
Urètre : Canal conduisant l’urine de la vessie jusqu’à l’extérieur.
Beaucoup plus long chez l’homme que chez la femme.
Il permet également chez l’homme le passage du sperme.
Exérèse : Acte chirurgical qui consiste à enlever un tissu ou un organe atteint (une tumeur, …).
Indication
Guérir un cancer de prostate localisé (c’est-à-dire que le bilan est en faveur d’une tumeur confinée à la prostate).
Tumeur : Masse anormale pouvant être d’origine bénigne ou maligne (cancer).
En pratique
Quelle est la durée de l’intervention ?
La durée de l’intervention est variable (entre 1h30 et 4h00 dans la majorité des cas). Elle se pratique sous anesthésie générale.
Après l’opération, une sonde urinaire est laissée en place pour une durée de 2 à 10 jours.
Quelle est la durée d’hospitalisation ?
Assez variable selon la technique opératoire utilisée (voie classique ou cœlioscopie). La durée moyenne est de 8 jours.
Qui pratique l’opération ?
C’est un chirurgien urologue. Votre médecin traitant saura vous en indiquer un.
Et après ?
Après l’opération, une sonde urinaire est laissée en place pour une durée de 2 à 10 jours.
Cœlioscopie : Intervention qui permet d’explorer directement l’intérieur de l’abdomen à l’aide d’un système optique, introduit à travers une petite incision.
Avantages
La prostatectomie permet l’analyse de la prostate par un laboratoire (sous microscope). Cette démarche permet d’établir le diagnostic précis du stade de la maladie.
La prostatectomie permet la réalisation (éventuelle) d’une radiothérapie complémentaire.
En effet, si le chirurgien le juge utile, il pratiquera une radiothérapie après prostatectomie (minimum un mois après), si l’ablation de la tumeur n’est pas complète localement.
La radiothérapie constitue ainsi un traitement éventuel supplémentaire.
Alors qu’à l’inverse, la prostatectomie pratiquée » après » une radiothérapie est déconseillée en raison des mauvais résultats obtenus.
La prostatectomie évite les problèmes en rapport avec l’irradiation.
La prostatectomie est une technique parfaitement maîtrisée.
La prostatectomie bénéficie en effet de plus de 20 ans de recul sur sa pratique. Par ailleurs, de nombreux progrès techniques ont permis de diminuer la durée d’hospitalisation et d’immobilisation ainsi que la fréquence des effets secondaires.
Radiothérapie : Traitement d’une maladie avec des rayons X ou gamma.
Risque d’impuissance
Fréquente juste après l’opération, l’impuissance s’améliore généralement dans les mois qui suivent (jusqu’à 18 mois après l’intervention). Les séquelles peuvent être des érections moins rigides avec parfois un besoin de traitement complémentaire.
Le risque d’impuissance dépend de :
- l’âge : Plus la personne est âgée, plus le risque d’impuissance est important.
- la puissance sexuelle avant l’intervention : Plus le patient a des érections et rapports sexuels possibles, plus le risque d’impuissance est faible.
- la possibilité, au moment de l’intervention, de préserver les nerfs érecteurs (au contact de la prostate). Ce choix engendre cependant le risque de laisser une partie de la tumeur en place
Cette impuissance est-elle définitive ?
Généralement, non. Elle peut durer jusqu’à 18 mois . Malheureusement, dans certains cas, elle peut ne plus disparaître. Les traitements actuels (comprimés ou injections) peuvent alors parfois pallier à cette impuissance.
Est-elle fréquente ?
Les études à ce propos sont très variables puisqu’elles nous donnent des chiffres allant de 10% à 90%. La moyenne se situe sans doute autour de 70% (c’est-à-dire que 70% des personnes opérées présenteront une impuissance après l’opération).
Autres inconvénients
L’incontinence urinaire
Fréquente à l’ablation lorsque la sonde urinaire est retirée, elle s’améliore dans les semaines qui suivent. Plus de 90% des patients n’ont pas besoin de protection (couches) à 1 an de la prostatectomie.
Un rétrécissement de la région de l’anastomose (raccord) entre vessie et canal de l’urètre (rare)
Ce rétrécissement a pour conséquence une diminution de la force du jet urinaire avec l’obligation de » pousser » pour initier la miction.
Le traitement consiste à inciser ce rétrécissement (sous anesthésie, durée 10 minutes, se pratique au bloc opératoire au cours d’une courte hospitalisation).
Radiothérapie externe
Définition
La radiothérapie externe utilise un rayonnement à haute énergie pour détruire les cellules cancéreuses. Les cellules saines sont également affectées par ce traitement mais sont plus résistantes que les cellules cancéreuses. Il n’est pas possible de traiter sélectivement les cellules cancéreuses.
La dose totale de rayons appliquée sur la prostate doit être fractionnée dans le temps, ce qui explique la nécessité de se rendre au centre de radiothérapie tous les jours ouvrables (jusqu’à 8 semaines consécutives) pour des sessions de quelques minutes. C’est une machine qui délivre les rayons et ceci est indolore.
Cette technique a bénéficié des progrès récents de l’informatique et la cible des rayons est plus précise actuellement.
Indication
La radiothérapie externe peut-être proposée :
- en application sur le cancer de prostate
- localisé (confiné à la glande)
- ayant franchi les limites de la prostate mais sans extension à distance.
Elle est souvent associée dans ces cas à un traitement médical (hormonothérapie).
- en application sur des métastases douloureuses dans le but de diminuer la douleur.
Métastases = localisation du cancer à une autre partie de l’organisme (vertèbres par exemple).
Avantages / inconvénients
Avantages
- Éviter une anesthésie générale et une chirurgie avec leurs complications possibles.
- À priori, la radiothérapie donne moins de complications urinaires et sexuelles que la chirurgie.
Inconvénients
Les inconvénients sur la santé sont en majorité mineurs et transitoires : irritation cutanée, fatigue, irritation de la vessie, troubles digestifs, diarrhées et sang dans les selles. Cependant le risque de séquelles permanentes ne peut pas être exclu. Une impuissance peut apparaître dans les 2 ans qui suivent la radiothérapie (risque de 40%).
Par contre, d’autres contraintes existent :
- L’obligation de se rendre tous les jours pendant plusieurs semaines au centre de radiothérapie.
- Il est impossible de faire une chirurgie (prostatectomie) en cas d’échec de la radiothérapie (à cause de la mauvaise cicatrisation des tissus traités par rayons). On élimine donc une possibilité importante de traitement.
En pratique
En pratique, la radiothérapie se fait dans l’unité dédiée à ce traitement. Le patient est allongé sur la table d’examen, habillé. Il passe ensuite sous l’appareil.
Curiethérapie
Définition
La curiethérapie est une technique d’irradiation de la prostate grâce à des grains radioactifs insérés directement dans la prostate sous contrôle échographique.
Il s’agit d’une intervention peu agressive, faite le plus souvent sous anesthésie générale, d’une durée de 1 à 2 heures. L’hospitalisation est courte (1-3 jours).
Les grains sont placés de façon définitive. Ils délivrent des radiations continues dont l’intensité va en s’amenuisant avec le temps. Au bout de 6 mois, ces radiations sont négligeables. Elles ne rendent pas le patient dangereux pour l’entourage. Il est simplement déconseillé de prendre des enfants sur les genoux les premiers mois.
Curiethérapie : Méthode de traitement par des sources radioactives placées au contact ou introduites dans la tumeur.
Indication
La curiethérapie est actuellement réservée aux cancers peu évolués (confinés à la glande et peu agressifs).
Des traitements associant curiethérapie et hormonothérapie et / ou radiothérapie externe sont parfois indiqués dans des stades plus avancés de la maladie.
Avantages / Inconvénients
Avantages
Les effets secondaires urinaires et surtout sexuels sont probablement inférieurs à ceux de la chirurgie. Ceci n’est cependant pas prouvé par des études comparatives à long terme.
L’immobilisation due au traitement est moins importante que celle due aux autres techniques.
Inconvénients
Le premier inconvénient est lié au fait que le recul de cette technique est inférieur à celui des autres techniques (prostatectomie et radiothérapie). Ceci fait hésiter à traiter des hommes ayant encore une longue espérance de vie.
Par ailleurs, cette technique peut entraîner :
- une irritation du rectum (diarrhées, saignement par l’anus)
- une irritation de la vessie (signes comparables à ceux d’une cystite, c’est-à-dire l’envie fréquente d’uriner associée à des brûlures à la miction) qui apparaissent quelques semaines après l’implantation des grains
- une impuissance (20 à 40% des cas).
Celle-ci peut se développer dans les 2 ans qui suivent le traitement.
Rectum : Partie finale du gros intestin, s’étend jusqu’à l’anus.
Miction : Émission d’urines.
Traitement hormonal
Principe
Le but du traitement hormonal est de réduire la production d’hormones « mâles », c’est-à-dire de la testostérone. Cette hormone est produite essentiellement par les testicules. Elle permet aux cellules prostatiques de se développer et se multiplier. La réduction de la testostérone permet de freiner l’activité des cellules prostatiques saines et cancéreuses. Ceci se traduit par une diminution du PSA et une diminution des symptômes en rapport avec le cancer prostatique (lorsqu’ils sont présents).
Comment peut-on réduire le taux de testostérone ?
Cette réduction de la production de testostérone peut-être atteinte par des médicaments (en comprimés ou en injection) ou par l’ablation chirurgicale des glandes testiculaires. On peut adjoindre à cette réduction de la testostérone, un traitement (par comprimés) qui empêche l’action de la testostérone résiduelle sur la prostate.
Hormones mâles : Hormones qui participent au développement des organes génitaux externes de l’homme, à la formation du sperme et à l’apparition des caractères sexuels secondaires (poils, barbe)
Testostérone : Hormone mâle produite par le testicule. Elle intervient dans l’apparition des caractères sexuels mâles et dans la production des spermatozoïdes.
Modalités
Le traitement hormonal est classiquement donné de façon continue, à vie. On peut cependant, dans certains cas, le donner de façon temporaire (association à la radiothérapie par exemple) ou de façon intermittente, pour diminuer la fréquence et l’importance des effets indésirables.
Indication
Le plus souvent ce traitement est utilisé dans les cancers de prostate qui ne sont plus localisés à la prostate.
Ce traitement peut également être prescrit en cas d’échec ou d’insuffisance d’un traitement local (prostatectomie, radiothérapie ou curiethérapie) ou en association à un traitement local.
Inconvénients
Les inconvénients de la réduction de la testostérone sont :
- La diminution du désir et de la puissance sexuelle qui va jusqu’à l’impuissance complète dans 90% des cas. Elle est réversible par arrêt du traitement si ce dernier n’a pas été appliqué trop longtemps (c’est-à-dire pas plus de 2 ans).
- Les bouffées de chaleur
- Après un traitement de quelques années, diminution de la masse osseuse (« décalcification ») avec des risques de fracture plus importants que dans la population générale du même âge.
Échappement hormonal
Les cellules cancéreuses prostatiques s’adaptent à la pénurie de testostérone et se remettent à se développer au bout d’un temps très variable (quelques mois à quelques années). La moitié des patients avec un traitement hormonal voient leur chiffre de PSA remonter dans les 2 ans qui suivent le début du traitement.
Dans ces cas, il faut modifier le traitement hormonal et parfois adjoindre d’autres traitements.
Association de patients
Être en contact avec d’autres patients peut être très utile pour mieux comprendre et accepter la maladie.
A.P.C.L.P
Association de Patients porteurs d’un Cancer Localisé de la Prostate
Un risque pour l’Homme
Des conseils pour les Patients