Premier cancer en termes de fréquence chez l’homme, le cancer de la prostate regroupe un vaste ensemble de tumeurs, des plus localisées aux tumeurs métastatiques. L’hormonothérapie est habituellement réservée aux stades métastatiques du cancer de la prostate. Une récente étude vient apporter de nouvelles données sur l’efficacité de cette thérapie anticancéreuse. Explications.
Cancer de la prostate et hormonothérapie
L’hormonothérapie occupe une place importante dans la prise en charge du cancer de la prostate hormono-dépendant, c’est-à-dire lorsque les hormones produites naturelles par l’organisme (les androgènes) favorisent la croissance de la tumeur. L’hormonothérapie est généralement réservée aux stades métastatiques du cancer de la prostate, et est ou non associée à une chirurgie ou de la radiothérapie.
Au fil des années, les médicaments d’hormonothérapie progressent, avec pour objectif une plus grande efficacité thérapeutique et une réduction des effets secondaires. Malheureusement, après un certain temps, les tumeurs initialement sensibles à l’action de l’hormonothérapie deviennent progressivement résistantes à cette thérapie anticancéreuse. De plus, certains patients répondent moins bien à l’hormonothérapie que d’autres. Les chercheurs tentent de comprendre par quels mécanismes se développent cette résistance et quels facteurs y contribuent.
Les lymphocytes T et le thymus joueraient un rôle dans l’efficacité de l’hormonothérapie
Pour mieux comprendre ce sujet, des chercheurs ont réalisé des essais précliniques sur des modèles de souris porteuses d’un cancer de la prostate et sur des échantillons de patients atteints d’un cancer de la prostate. Les souris étaient soient immunocompétentes (en bonne santé sur le plan immunitaire), soit immunodéficientes (atteintes d’un déficit immunitaire). Parallèlement, les échantillons de selles et de sang de 65 patients ont été pris en compte, certains atteints de tumeurs sensibles à l’hormonothérapie, d’autres avec des tumeurs résistantes à l’hormonothérapie.
Chez les souris, l’hormonothérapie semblait stimuler le fonctionnement du thymus. Lorsque les souris étaient déficientes en lymphocytes T, elles répondaient moins favorablement à l’hormonothérapie, que les souris immunocompétentes. Ce résultat semble indiquer un rôle important des lymphocytes T dérivés du thymus dans la réponse à l’hormonothérapie.
À savoir ! Le thymus est une petite glande de la partie supérieure du thorax, située entre les poumons et sous le sternum. Cette glande produit des lymphocytes T (catégorie de globules blancs), qui une fois dans la circulation sanguine, aident l’organisme à lutter contre les infections, les pathologies ou les corps étrangers. Cette glande a un rôle capital pour le bon fonctionnement du système immunitaire
Le microbiote intestinal conditionnerait l’efficacité de l’hormonothérapie
Autre résultat étonnant observé par les chercheurs, l’importance du microbiote intestinal. La dysbiose intestinale provoquée par la prise d’antibiotiques réduirait l’efficacité de l’hormonothérapie. De plus, le cancer de la prostate serait associé à une réduction de la présence d’une bactérie spécifique du microbiote intestinal, Akkermansia muciniphila. Or l’hormonothérapie permettrait de compenser cet effet. La supplémentation des souris atteintes de cancer de la prostate avec cette bactérie permettait une amélioration de l’efficacité de l’hormonothérapie.
Ces nouvelles données pourraient permettre de consolider l’efficacité de l’hormonothérapie chez les patients atteints de cancer de la prostate à des stades avancés, d’une part en compensant les problèmes immunitaires liés au fonctionnement du thymus, et d’autre part en corrigeant la dysbiose intestinale. Selon les données de cette étude, ces deux mécanismes seraient liés entre eux et détermineraient l’efficacité de l’hormonothérapie.
Estelle B., Docteur en Pharmacie