Chaque année en France, plus de 50 000 nouveaux cas de cancer de la prostate sont recensés, et environ 8 000 hommes en décèdent. Pour garantir un pronostic le plus favorable possible à tous les hommes touchés, le dépistage est capital. Pourtant, de récentes données révèlent une baisse du dépistage entre 2014 et 2016. Explications.
Cancer de la prostate et dépistage
Le dépistage et le diagnostic précoce du cancer de la prostate reposent actuellement sur deux examens :
- Le dosage sanguin du PSA (Prostatic Specific Antigen) ;
- Le toucher rectal.
Les sociétés savantes et les experts nationaux et internationaux peinent depuis plusieurs années à trouver un consensus sur les recommandations de dépistage du cancer de la prostate. En France, il n’existe pas de dépistage organisé de ce cancer, mais un toucher rectal et un dosage du PSA sont préconisés à intervalles réguliers entre 50 et 75 ans. En pratique, quel est le recours à ces techniques de dépistage ? Certaines catégories d’hommes sont-elles moins dépistées que d’autres ? L’étude EDIFICE s’est justement intéressée aux pratiques de dépistage du cancer de la prostate.
Une baisse du dépistage entre 2014 et 2016
Plusieurs enquêtes ont été menées dans le cadre de cette étude depuis 2005. Entre 2005 et 2008, les enquêtes avaient montré une hausse significative des dépistages du cancer de la prostate chez les hommes n’ayant pas d’antécédents de cancer (de 36 à 49 %). Puis entre 2008 et 2014, les données indiquaient une stagnation des chiffres du dépistage.
Les dernières enquêtes, menées sur la période 2014 – 2016, et récemment publiées, révèlent que les chiffres du dépistage sont en baisse (de 49 à 42 %). Cette baisse concernait principalement deux catégories d’hommes :
- Les plus jeunes : seulement 20 % des hommes âgés de 50 à 54 ans ont été dépistés en 2016 contre 36 % chez les hommes âgés de 55 à 59 ans ;
- Les plus favorisés sur le plan socio-économique.
Mieux informer sur l’intérêt du dépistage
Comment expliquer de telles évolutions dans les dépistages du cancer de la prostate ? Selon les auteurs de l’étude, cette évolution des comportements serait en partie liée :
- Au débat sur la pertinence du dosage sanguin de PSA (le taux de PSA ne reflète pas uniquement le risque de développer un cancer de la prostate) ;
- Aux résultats contradictoires des études récentes sur l’intérêt du dépistage.
Pourtant, le cancer de la prostate reste le cancer le plus fréquent chez l’homme en France, selon les données de l’Institut National du Cancer, et entraîne chaque année plusieurs milliers de décès. Les professionnels de santé jouent donc un rôle essentiel d’information des patients sur la nécessité d’être dépisté pour être pris en charge le plus précocement possible et donc avec les meilleures chances de survie.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– [Prostate cancer screening in France: Results from the EDIFICE surveys] NCBI. Consulté le 15 juillet 2020.