Le cancer de la prostate représente aujourd’hui un quart des cancers touchant les hommes en France. Les facteurs de risque de ce cancer sont donc largement étudiés, parmi lesquels les antécédents familiaux de cancer prostatique. Si ces antécédents sont bel et bien considérés comme un facteur de risque de développer une tumeur de la prostate, peuvent-ils aussi influencer le pronostic de ces cancers ? Une question sur laquelle des chercheurs se sont récemment penchée.
Cancer de la prostate et antécédents familiaux
En France, un homme sur 8 développera un cancer de la prostate avant l’âge de 75 ans. Le cancer de la prostate représente ainsi un enjeu majeur de santé publique, à la fois sur le plan du dépistage, du diagnostic et de la prise en charge des patients.
Les antécédents familiaux de cancer prostatique ont été identifiés lors de précédentes études comme un facteur de risque non modifiable de développer une tumeur prostatique. Si les antécédents familiaux influencent le risque de cancer de la prostate, peuvent-ils également jouer sur le pronostic du cancer ? Cette question est importante, car elle pourrait amener à modifier les conditions du dépistage.
Pour répondre à cette question, des chercheurs ont récemment analysé des données issues de l’étude PLCO (Prostate, Lung, Colorectal, Ovary), ayant évalué différentes stratégies de dépistage de cancers, chez des adultes âgés de 55 à 74 ans.
Un sur-risque de mortalité en l’absence de dépistage
Dans cette étude, les analyses ont porté sur les données de 74 781 hommes, parmi lesquels 5 281 présentaient des antécédents familiaux au premier degré (père atteint) de cancer de la prostate. Au total, 16,5 % des participants ayant des antécédents familiaux de cancer prostatique ont été diagnostiqués pour une tumeur de la prostate, tandis que ce chiffre ne s’élevait qu’à 10,5 % chez les participants sans antécédents. Ce premier résultat confirme que les antécédents familiaux de cancer de la prostate constituent un facteur de risque de développer une tumeur prostatique. Ainsi, les participants avec des antécédents familiaux avaient un risque majoré de 59 % de développer une tumeur de la prostate.
En ce qui concerne le pronostic des cancers de la prostate, les antécédents familiaux n’ont pas été associés à un sur-risque de mortalité liée au cancer de la prostate chez les participants ayant bénéficié d’un dépistage. En revanche, une mortalité accrue de près de 90 % a été observée chez les participants avec antécédents et n’ayant pas eu de dépistage.
L’importance de dépister en cas d’antécédents familiaux de tumeur prostatique
Par ailleurs, tous les antécédents familiaux n’entraînaient pas le même risque de développer un cancer de la prostate. Si un participant avait un parent au premier degré diagnostiqué entre 40 et 65 ans, il avait un risque plus important de développer un cancer de la prostate, que si le parent au premier degré avait été diagnostiqué après 65 ans. Alors que l’âge au moment du diagnostic du parent au premier degré influençait le risque de développer un cancer de la prostate, cet âge semblait n’avoir aucun impact sur le pronostic du cancer, avec ou sans dépistage.
Ces nouvelles données apportent un éclairage supplémentaire sur le lien entre les antécédents familiaux et le risque de cancer de la prostate. Elles mettent notamment l’accent sur l’importance cruciale du dépistage, chez les personnes ayant des antécédents familiaux de tumeur prostatique. Ces personnes doivent être particulièrement ciblées par les stratégies de dépistage du cancer de la prostate.
Estelle B., Docteur en Pharmacie