Le mois de novembre est l’occasion pour certains hommes de se laisser pousser la moustache. La raison n’en est pas esthétique : il s’agit de sensibiliser l’opinion publique à la santé masculine, et plus particulièrement au cancer de la prostate. Alors que ce mois de la moustache bat son plein, la recherche ne s’arrête pas. Des traitements focaux, c’est-à-dire utilisant des techniques qui ne ciblent que les tumeurs, sont à l’étude…
Des techniques focales variées contre le cancer de la prostate
Le traitement focal pourrait se révéler une alternative intéressante pour les cancers localisés de la prostate. En effet, à l’heure actuelle, ce type de cancer est traité soit par prostatectomie (retrait total de la prostate), soit par simple surveillance (pour les lésions modestes). Le traitement focal, ne détruisant que la tumeur, conserve la glande saine. Les effets secondaires fréquents de la prostatectomie que sont la dysfonction érectile ou l’incontinence urinaire sont ainsi réduits.
Plusieurs techniques retiennent l’attention des chercheurs, dont les ultrasons, le froid et le laser :
- Les ultrasons focalisés sont les plus utilisés. Ils sont appliqués via une sonde rectale sous contrôle échographique. Ils vont brûler la lésion ;
- La cryothérapie (-40°C) congèle et tue les tissus cancéreux. Les aiguilles sont appliquées à travers le périnée, également sous contrôle échographique ;
- Le laser opère une destruction thermique du cancer ;
- La radiofréquence attaque le cancer de la prostate à l’aide de champs magnétiques ;
- L’électroporation entraîne une mort cellulaire grâce au passage d’un courant électrique dans la prostate ;
- La curiethérapie focale se réalise à l’aide de grains radioactifs implantés dans la glande prostatique.
Le traitement focal doit être bien dosé pour détruire toute la lésion sans abîmer les tissus sains environnants. La finesse de l’imagerie avant l’intervention et l’expérience de l’équipe médicale sont ici primordiales.
Pas pour tous les patients
Toutes ces techniques sont en cours d’évaluation : elles ne sont pas disponibles couramment, mais seulement accessibles dans le cadre de la recherche clinique. Il faudra donc que le patient soit enrôlé dans un essai clinique pour pouvoir en bénéficier.
A savoir ! La recherche clinique se définit comme l’étude sur l’être humain (volontaires sains ou malades) de nouveaux médicaments ou dispositifs, dans le but d’en évaluer l’efficacité et l’innocuité.
Ces traitements focaux ne concernent que les cancers localisés, or, dans 70% des cas, le cancer de la prostate est multifocal (c’est-à-dire que plusieurs foyers cancéreux sont présents dans la glande malade). Un traitement bifocal (double localisation) peut éventuellement s’envisager.
Les patients inclus dans les essais cliniques sont en général relativement jeunes, avec un foyer tumoral unique de taille acceptable (attesté à l’IRM) et une PSA inférieure à 15.
Les résultats de ces essais seront ensuite analysés pour aboutir à des protocoles standardisés dont pourront bénéficier tous les malades souffrant d’un cancer de la prostate localisé.
Avec ou sans moustache, la recherche avance pour soigner les hommes souffrant du plus fréquent des cancers masculins.
Isabelle V., Journaliste scientifique