La chirurgie de la prostate, ou prostatectomie, est fréquemment pratiquée lors de cancer. Elle expose à certaines complications comme les fuites urinaires ou un dysfonctionnement érectile. Une récente étude menée par une équipe de recherche en soins infirmiers met en évidence une complication souvent ignorée : le difficile rétablissement psychologique.
Prostatectomie : une chirurgie, des séquelles
Après une ablation totale de la prostate, les fuites urinaires et les problèmes d’érection sont les deux complications tardives (durant au-delà de 1 mois après l’opération) de la chirurgie. L’incontinence urinaire, socialement très handicapante, est souvent la première plainte des patients, éclipsant le dysfonctionnement érectile et retardant une prise en charge précoce indispensable.
- L’incontinence urinaire touche presque tous les malades mais s’améliore dans le premier trimestre suivant la prostatectomie. Par la suite, 5 à 20 % présenteront tout de même une incontinence urinaire à l’effort. L’incontinence permanente restera une réalité pour 2 à 3 % des patients opérés. La prise en charge est basée sur la rééducation du sphincter vésical, la prescription de certains médicaments ou la pose d’un sphincter artificiel (dans les cas les plus graves).
- Le dysfonctionnement érectile varie en fonction de la chirurgie effectuée (préservation ou non des bandelettes vasculonerveuses). Même si ces zones sont conservées, le taux de patients souffrant de dysfonction érectile après l’opération varie de 15 à 80 %. Une rééducation précoce permet d’éviter la fibrose des corps caverneux (partie du pénis se remplissant de sang lors de l’érection). Elle passe par des injections intra-caverneuses (dans la verge) et des médicaments par voie orale, type sidénafil. Dans les cas les plus sévères, une prothèse pénienne peut être proposée ; le plaisir sexuel risque cependant d’être très différent avec ce type de dispositif.
- La sténose de l’anastomose urétrovésicale survient dans 1 à 15 % des cas. Il s’agit d’un rétrécissement au niveau de l’abouchement entre la vessie et l’urètre (conduit qui évacue l’urine par le pénis). Elle se traite par une nouvelle chirurgie qui expose à nouveau à un risque important d’incontinence urinaire.
On comprend qu’avec de telles possibles séquelles, les patients soient quelque peu déprimés. Un soutien psychologique en amont et en aval de la chirurgie de la prostate semblerait approprié. Et pourtant…
Des hommes mal informés et mal accompagnés
L’enquête publiée dans l’International journal of nursing studies met en avant bien des lacunes dans l’accompagnement des patients ayant subi une chirurgie de la prostate.
Les auteurs de l’étude rapportent en effet un manque d’information avant la chirurgie. Les patients sont peu informés des complications qui les attendent et s’en trouvent d’autant plus désemparés. La majorité n’imaginait pas les bouleversements en termes de qualité de vie auxquels ils allaient devoir faire face.
Cependant, beaucoup d’hommes apparaissent comme « résignés », comme si incontinence urinaire et trouble de l’érection étaient le mal nécessaire pour avoir « réchappé » à un cancer. De plus, ces deux affections restent encore taboues et les patients n’osent pas s’en plaindre.
L’atteinte dans la masculinité et l’absence de support psychologique semblent être finalement des composantes non négligeables dans la cause du mal-être des hommes après la prostatectomie.
Les auteurs en concluent que les soignants, et en premier lieu les infirmiers (ères), ont un grand rôle à jouer dans un accompagnement psychologique et individualisé de ces patients en pré et post-opératoire.
Isabelle V., Journaliste scientifique
– La prostatectomie, au-delà de la chirurgie. JIM. Maxime Sassalle. Le 29 août 2017