En France, on compte environ 71 000 nouveaux cas de cancer de la prostate chaque année. C’est le cancer le plus répandu chez les hommes, devant le cancer du poumon (27 500 nouveaux cas par an) et du côlon (21 500 nouveaux cas par an). Une étude américaine fait le point sur le traitement des formes localisées du cancer. Alors, prostatectomie ou simple surveillance ?
Même efficacité thérapeutique
Déjà, il y a quelque temps, la même équipe de chercheurs avait comparé l’efficacité d’une simple surveillance et la prostatectomie radicale dans le traitement du cancer localisé de la prostate. A l’issue de cette première étude, ils démontraient une absence de réduction significative de la mortalité du cancer de la prostate avec la prostatectomie radicale.
Après 20 ans de suivi, les chercheurs publient dans le fameux New England of Medicine leurs résultats.
Près de 731 hommes, chez qui un cancer localisé de la prostate avait été dépisté, ont ainsi été suivis entre 1994 et 2002. Tous avaient moins de 75 ans lors du diagnostic et un taux de PSA inférieur à 50 ng/ml.
A savoir ! Le PSA ou Prostate Specific Antigen est une protéine fabriquée exclusivement par la prostate et dont le rôle est la liquéfaction du liquide séminal. Il est utilisé pour diagnostiquer le cancer. Chez un homme sain, le taux de PSA est inférieur à 4 ng/mL.
Suite à un tirage au sort, certains patients (364) ont été traités par prostatectomie radicale, tandis que les autres (367) bénéficiaient d’une simple surveillance. Durant les 20 ans de suivi, il y a eu autant de décès dans les deux groupes : 223 pour le premier et 245 dans le deuxième. Les raisons de ces décès n’étaient pas significativement différentes dans les deux groupes. Le nombre de décès attribuable au cancer était de 7,4% dans le premier et 11,4% dans le deuxième groupe.
Des conséquences différentes
Après le constat d’une efficacité comparable entre les deux approches thérapeutiques, il semblerait que leurs conséquences sur l’individu soient quant à elles bien différentes.
Au cours de leur suivi, les auteurs de l’étude ont pu constater que les traitements donnés en cas de progression du cancer de la prostate étaient moins fréquents chez les patients ayant subi une prostatectomie radicale (19%) par rapport à ceux bénéficiant de la surveillance (32%). Cependant, les auteurs tiennent à préciser que les progressions évoquées été asymptomatiques (absence de symptômes) pour le patient.
Pour ce qui est de l’incontinence urinaire, elle était 4 fois plus fréquente ainsi que la dysfonction érectile 3 fois plus observée dans le groupe « prostatectomie ».
Les auteurs de l’étude tirent plusieurs conclusions de leurs résultats :
- Une mortalité peu élevée chez les patients ayant un cancer prostatique à faible risque dans le groupe « surveillance ». Ce qui plaide contre les sur-traitements ;
- La possibilité que la chirurgie (prostatectomie) soit associée, chez les patients ayant un cancer à risque intermédiaire, à une réduction de la mortalité ;
- La chirurgie ne semble pas apporter beaucoup de bénéfice (en termes de mortalité) chez les patients ayant un cancer à haut risque.
- L’impact des traitements sur la vie des patients diffère pour 2 paramètres : l’incontinence urinaire et les dysfonctions érectiles.
Charline D., Pharmacien
– Généralités sur le cancer de la prostate. Ligue cancer. Consulté le 10 août 20178.