Plus de 50 000 nouveaux cas de cancers de la prostate sont enregistrés en France chaque année. Face au premier cancer masculin, l’enjeu du dépistage est évident. D’après le récent Congrès européen d’urologie, celui-ci devrait connaître une petite révolution avec l’avènement des tests génétiques et de l’IRM en complément du dosage de PSA.
Cancer de la prostate : trop de sur-diagnostics !
À l’heure actuelle, il n’y a pas de dépistage systématique du cancer de la prostate dans l’Hexagone (contrairement au cancer du sein). Le dépistage, individuel et volontaire, passe par le toucher rectal et le dosage du taux de PSA dans le sang. Problème, le PSA, ou Antigène Spécifique de la Prostate, n’augmente pas seulement en cas de cancer. Il peut aussi être élevé en présence d’une inflammation ou d’une infection. Ce test est donc peu fiable ; dans une récente étude britannique, 29% des patients à taux de PSA élevé n’avaient pas de cancer à la biopsie. Mais, surtout, le dépistage axé sur le taux de PSA ne permet pas de différencier un cancer agressif d’un cancer indolent qui n’aurait sans doute jamais fait parler de lui.
C’est pourquoi ce dépistage par taux de PSA est accusé de sur-diagnostic (on diagnostique des cancers qui n’auraient jamais évolué ou très lentement) et entraîne un sur-traitement non dénué d’effets secondaires. On estime que près de la moitié des cancers ainsi détectés seraient restés latents.
Après le PSA, l’IRM !
Lorsqu’on détecte un taux de PSA anormal, les patients se voient proposer une biopsie de la prostate. Cet examen est réalisé en transrectal (en passant par l’anus) et sous contrôle échographique. Cependant, il est souvent effectué sans connaître l’emplacement exact du cancer supposé dans la prostate et nécessite parfois de recommencer ! Cette biopsie, susceptible d’entraîner des complications comme une hémorragie ou une infection, expose elle-aussi à un sur-diagnostic de cancer indolent et à un sous-diagnostic de cancer agressif.
Face à ce constat, les chercheurs se sont tournés vers l’IRM-M ou Imagerie par Résonance Magnétique Multiparamétrique.
À savoir ! L’IRM-M est une technique regroupant 3 types complémentaires d’IRM :
- IRM anatomique et fonctionnelle de haute résolution pour la visualisation des tissus ;
- IRM de perfusion pour la détection de l’augmentation de la micro-vascularisation des tissus cancéreux ;
- IRM de diffusion, cette dernière permet de repérer les tissus atteints en y mesurant la diffusion de molécules d’eau.
Une récente étude britannique (PROMIS) a enrôlé 740 hommes. Ils ont été soumis à un test de PSA, une biopsie et une IRM-M. Cette dernière technique s’est révélée supérieure à la biopsie, avec moins d’effets secondaires. Dans une autre étude, néerlandaise cette fois, l’IRM-M a permis de diminuer de 70 % le recours à la biopsie et de 50 % le dépistage de cancer de la prostate indolent.
D’autres études devront cependant être réalisées avant d’envisager un dépistage de masse par l’IRM-M. De plus, son coût élevé et la nécessité de recourir à un radiologue expert, risquent d’être des freins à son développement.
Mais une autre piste s’ouvre également pour le dépistage du cancer de la prostate…
Une histoire de chromosome
Le cancer de la prostate est le plus familial des cancers : 22 % des hommes touchés par la pathologie ont un père ou un frère également atteints. La détection des gènes en cause pour dépister cette maladie est donc fortement envisager par les chercheurs.
Deux scientifiques canadiens ont détecté sur 1 858 patients atteints d’un cancer agressif de la prostate une mutation du gène Kallikrein sur le chromosome 19 dans 6 à 14 % des cas. D’autres mutations avaient déjà été mises en évidence, mais elles ne concernaient qu’un très petit nombre de patients.
Ce résultat ouvre pour le futur des perspectives de dépistage par tests génétiques.
IRM, génétique… Les lignes du dépistage du cancer de la prostate bougent pour une meilleure approche et une meilleure prise en charge de cette redoutable pathologie.
Isabelle V., journaliste scientifique
– L’IRM au secours de la PSA – Le généraliste – Dr Sandra Félibre. 24 mars 2017