Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent en France avec plus de 50 000 nouveaux cas chaque année. La stratégie de traitement est adaptée au stade de la tumeur et peut mettre en œuvre plusieurs thérapeutiques. Une récente étude a mis en évidence qu’une molécule extraite d’une bactérie sous-marine pourrait, sous l’effet de la lumière, tuer les cellules prostatiques cancéreuses.
Les traitements du cancer de la prostate
La prise en charge du cancer de la prostate dépend étroitement de l’étendue de la tumeur au moment du diagnostic (stade d’évolution), définie par un système de classification internationale qui se base sur plusieurs critères :
- La taille de la tumeur ;
- L’atteinte ou non des ganglions lymphatiques par des cellules cancéreuses ;
- La présence ou non de métastases dans d’autres parties du corps (os, foie, poumon).
Les cancers de la prostate sont alors classés en plusieurs types, avec des modalités de traitement spécifiques pour chacun :
- Les cancers de la prostate localisés, caractérisés par un risque de récidive plus ou moins important ;
- Les cancers de la prostate localement avancés ;
- Les cancers de la prostate métastatiques.
En fonction du stade de la tumeur, plusieurs thérapeutiques peuvent être utilisées, seules ou associées :
- Une surveillance médicale ;
- Une chirurgie d’ablation de la prostate (prostatectomie totale) ;
- Une radiothérapie externe ;
- Une curiethérapie(mise en place de sources radioactives au sein de la prostate pour provoquer une irradiation locale des cellules cancéreuses) ;
- Une hormonothérapie(les tumeurs prostatiques sont sensibles à certaines hormones) ;
- Une chimiothérapie.
Les choix de traitements sont décidés au cas par cas lors de réunions médicales pluridisciplinaires et en concertation avec le patient.
L’intérêt de la thérapie photodynamique
De nombreuses recherches sont menées dans le monde pour mettre au point de nouveaux traitements anti-cancéreux. Elles se concentrent particulièrement sur des thérapeutiques, qui ciblent uniquement les cellules cancéreuses, sans produire d’effets néfastes sur le reste de l’organisme.
Parmi les techniques étudiées, la thérapie photodynamique suscite beaucoup d’intérêt. Elle consiste à injecter une substance photosensibilisante (réactive à la lumière) directement au niveau de la lésion cancéreuse. L’application d’une lumière spécifique active la substance photosensibilisante, qui provoque la mort des cellules cancéreuses, sans occasionner de dommages aux cellules saines environnantes.
La thérapie photodynamique a déjà fait preuve de son efficacité dans le traitement de certains cancers superficiels (œsophage, peau) et de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Des études sont en cours pour l’appliquer à la prise en charge d’autres tumeurs (neurologiques par exemple). Cette thérapeutique pourrait-elle être bénéfique dans le traitement des cancers de la prostate ? Une récente étude s’est intéressée à cette question.
Un photosensibilisant issu d’une bactérie sous-marine
À partir d’une bactérie des fonds sous-marins, des chercheurs ont isolé une substance photosensibilisante, la padéliporfine, qui a été testée avec succès dans le traitement du cancer de la prostate localisé.
La padéliporfine est injectée directement au niveau de la tumeur prostatique, repérée précisément par IRM (Imagerie par Résonance Magnétique). Elle est ensuite activée par un laser et détruit alors les cellules cancéreuses.
Ce traitement, dénommée thérapie photodynamique vasculaire ciblée, a été testé dans le cadre d’un essai clinique mené sur 413 patients atteints d’un cancer de la prostate localisé :
- 206 patients ont été traités par la padéliporfine ;
- 207 patients ont seulement été surveillés médicalement.
Les résultats montrent que 49% des patients traités par la thérapie photodynamique ont été guéris à l’issue de l’étude (toutes les cellules cancéreuses ont été détruites), contre seulement 13,5% chez les patients qui ont été surveillés. De plus, deux ans après l’étude, aucun patient ne signale d’effets secondaires sur l’activité sexuelle ou la fonction urinaire (symptômes fréquents avec les autres traitements existants). Certains effets indésirables ont néanmoins été observés au cours de l’étude (rétention urinaire, troubles de l’érection, inflammation de la prostate) sans être significativement supérieurs à ceux du groupe non traité.
La thérapie photodynamique s’avère efficace dans le traitement des cancers de la prostate localisés, c’est-à-dire de stades précoces. Elle offre un traitement localisé et ciblé, sans occasionner d’effets néfastes sur les tissus sains environnants. Un candidat très prometteur pour compléter la prise en charge des tumeurs prostatiques.
Estelle B. / Docteur en Pharmacie
Sources :
Azzouzi, A.R. et al. Padeliporfin vascular-targeted photodynamic therapy versus active surveillance in men with low-risk prostate cancer (CLIN1001 PCM301): an open-label, phase 3, randomised controlled trial. 2016. The Lancet Oncology. DOI: 10.1016/S1470-2045(16)30661-1.
Institut National du Cancer. Le cancer de la prostate. Consulté le 3 février 2017.